Philippe et le Festival Guitare d'Issoudun, une histoire de famille
Il a été de tous les Festivals de Guitare d'Issoudun ou presque, promenant sa bonne humeur, sa gouaille et son regard bienveillant sur ce rendez-vous incontournable des amoureux de la guitare et des amis, qu'il affectionnait tellement.
Pour lui, le Festival de Guitare d'Issoudun, c'était la famille ! Il l'avait vu grandir, évoluer, se développer, en y inscrivant lui aussi quelques pages mémorables, en solo, ou avec Eric Entraygues et Chris Papin avec lesquels ils formaient Kap Blues. Tous ceux qui ont eu la chance d'assister à l'édition de 2004, n'oublieront jamais ce moment d'anthologie où Philippe est monté sur scène, devant le public du Centre Albert Camus complètement acquis, pour chanter "Le Sud" avec Louis Chedid et ses musiciens. Une totale complicité qui aurait pu laisser croire que tout était arrangé, alors que c'était une pure improvisation. "Pas besoin de phrases ni de longs discours" comme le dit Francis Cabrel, quand on parle le même langage, on se comprend. Ainsi, tout naturellement, un peu plus tard, il insufflera son énergie et son enthousiasme dans l'animation des Aft'heures du Festival, qui verront musiciens de tous styles mêler leur talent pour nous livrer de nouveaux morceaux choisis.
Keepin' the blues alive
"Techniquement, je ne suis pas un guitariste, tout ce que je joue n'est qu'émotion et sincérité". Philippe a tenu à inscrire cette phrase de Jimi Hendrix sur son dernier CD "Blues Stories" tout simplement parce qu'elle lui correspondait profondément. Le blues, c'était sa vie, il avait une connaissance experte de cette musique. Il en avait étudié les moindres caractéristiques, de ses origines à aujourd'hui. Il pouvait dès les premières notes reconnaître entre mille les sonorités du fingerpicking de Mississippi John Hurt, du slide de Robert Johnson en passant par les riffs de Lightnin' Hopkins et la Telecaster de Muddy Waters. Et comme Philippe était généreux, cette expertise, il la partageait volontiers avec son "Histoire de blues" qu'il a transportée dans des lieux les plus divers, comme des festivals, à domicile ou en milieu carcéral. C'était tellement important pour lui de transmettre, il était rayonnant dès qu'il pouvait communiquer un peu de son savoir et de son talent. Tout comme ce jour où Alain Giroux, au Festival Guitare d'Issoudun en 2018, peu de temps avant de nous quitter définitivement, lui a offert une de ses guitares comme on passe un témoin. Ils s'étaient compris.
Philippe et la Big Al's, la guitare qu'Alain Giroux lui avait donnée
La guitare, l'instrument qu'il aimait tant
Le Festival Guitare d'Issoudun est certainement en France le lieu où l'on peut rencontrer tout ce qui se fait de mieux en lutherie. Philippe y était chez lui, il aimait particulièrement échanger avec les luthiers dont il admirait et soutenait le travail. Là aussi, il avait une connaissance aiguë de la facture instrumentale. Et lorsqu'il a été question de se faire fabriquer une guitare ou deux, il savait exactement ce qu'il voulait, du choix des essences à la finition, pour obtenir les sonorités et l'esthétique qu'il souhaitait.
Cette année 2022, après une lutte acharnée contre la maladie, Philippe est parti rejoindre Alain Giroux le vendredi 15 avril, paisiblement, Cathy son amour veillant sur lui, en écoutant la musique qui le faisait tellement vibrer. Certains se souviendront de lui comme d'un bluesman intrépide, d'autres comme d'un ami fidèle, ou encore comme d'un homme courageux et solide, mais tous pourront se réjouir d'avoir un jour croisé sa route.